En’quête de sens, réflexion d’un ingénieur paumé

Les articles sur la quête de sens, notamment au travail et la place de celui-ci dans nos vies ne manquent pas de nos jours, je m’en inspire d’ailleurs régulièrement au long de mon cheminement personnel. Celui-ci m’a mené il y a quelques mois à échanger avec Fanny pour rapidement me joindre à son projet, Entreprendre Transition.

La quête de sens

Il m’a vite paru logique de traiter de cette recherche pour mon premier article, une sorte de réflexion teintée de vécu comme j’en ai pu lire d’autres, bien que la profondeur et la qualité soient variables.

Pourquoi est-ce logique me direz-vous ? Eh bien, cela me permet de me présenter alors que je rejoins ce projet. Surtout, ce thème est lié par essence à la plupart – la totalité ? – des actions que nous avons menées et que nous mènerons à l’avenir avec Entreprendre Transition. Rien que ça.

Si vous lisez ces lignes, vous êtes sûrement déjà sensibilisé aux raisons qui nous motivent à agir pour la transition écologique et sociale, quelles que soient nos actions. Cela dit, sans même considérer cet aspect, il y a un autre moteur prépondérant : la nécessité d’avoir un travail, d’être employé pour percevoir un revenu afin de subvenir à ses besoins. Et cela occupe une bonne partie de nos vies.

La remise en question du travail

Bien que l’on n’ait pas attendu cette délicate année 2020 pour s’en saisir, la question de la place et de l’importance du travail a été remise sur le devant de la scène grâce aux métiers indispensables et, bien entendu, les personnes les exerçant. Nous sommes nombreux à avoir vu passer la remise en question du paradigme actuel : on rémunère peu des postes cruciaux pour l’ensemble des individus et d’autres plus obscurs voire futiles rapportent bien plus.

Certains arguent que pour ces métiers indispensables, le besoin de compétences est relativement faible ou que la valeur ajoutée ne permet pas de mieux payer les personnes. Les contre-arguments sont nombreux : il faut bien réaliser les « tâches ingrates » et l’ensemble de la communauté bénéficie des actions de toutes ces petites mains.

Qu’il s’agisse de ramasser des déchets, remettre des articles en rayons ou assurer leur vente, conseiller des utilisateurs ou clients en ligne, assurer un service après-vente, décharger un camion, un train ou les conduire, les exemples ne manquent pas. Et ces exemples comme tout un tas d’autres requièrent souvent plus de compétences que ce que l’on veut bien croire.

Je ne parle même pas des personnels soignants qui, au-delà de la crise sanitaire de cette année, font preuve de nombreuses qualités pour se former et exercer leurs fonctions ô combien importantes tous les jours, car la santé n’a pas de calendrier et n’a que faire de l’heure qu’il est.

On peut débattre de la valeur ajoutée économique, mais la valeur ajoutée sociale ne fait aucun doute la plupart du temps selon moi. Malheureusement, celle-ci est loin d’être au 1er plan et la prise de conscience collective du confinement paraît déjà lointaine. Le social n’a pas trop la côte, on note plus ses coûts que ses apports (pas seulement économiques, si vous me suivez !).

Photo by Jamie Street on Unsplash

 

Que faites-vous dans la vie ? 

Cette question m’a toujours dérangé. L’impression que l’on se définit par son métier, socialement et par extension personnellement ne me plaît pas. Pas seulement parce que je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais « devenir » ou « faire » mais parce qu’elle suggère que ce que l’on est ou fait à côté compte bien moins.

Bien sûr, on peut répondre à cette question par autre chose que son emploi (ou absence d’emploi) mais c’est bien cette réponse qui est attendue en général. Cela dit, les réactions sont alors amusantes, je vous suggère d’essayer à l’occasion de répondre par une de vos passions ou ce qui vous anime au quotidien !

"Si ça n’a pas de sens, que ce n’est pas utile et que ce n’est pas intéressant, c’est un gagne-pain."

Pour revenir au sujet central du sens et d’utilité, cette citation me plaît beaucoup. Elle introduit la distinction sur les termes que l’on utilise pour parler du travail. « Gagne-pain » est ici un synonyme de l’emploi, mais il est plutôt péjoratif car il indique bien que la fonction exercée par une personne ne lui sert qu’à manger, à vivre.

Peut-on vraiment vivre en travaillant un tiers de son temps sans en tirer autre chose qu’un revenu ? En ne réalisant pas l’impact concret de nos actions ou pire, en réalisant l’impact négatif de celles-ci ? Je pourrais ajouter beaucoup d’autres questions de ce genre qui me taraudent régulièrement. Cependant, je suis ici plus préoccupé par les constats liés à la place du travail et du sens.

Je pense ne pas trop me mouiller en liant la dégradation du moral des gens, le nombre croissants de dépression et autres soucis de santé au manque de sens et de reconnaissance de nos emplois. En effet, quand bien même de nombreux postes sont utiles, le manque de considération et l’ingratitude auront tôt ou tard raison du moral, de l’implication des employés ou les deux. D’autant que ces traitements sont loin d’être réservés à des catégories particulières de métiers.

De plus, le constat que l’on participe au système qui affecte et détruit tant de choses, êtres vivants, environnement, et le système lui-même qui n’est pas soutenable par sa définition et son fonctionnement, sont autant d’éléments affectant les personnes en activité.

Une équation complexe avec des inconnues personnelles 

Pourtant, certains trouvent du sens à côté de leur emploi, justement car celui-ci ne leur en apporte pas ou peu. D’autres ne peuvent s’en contenter, j’en fais partie. Cependant, certains n’ont pas le luxe de pouvoir faire ce choix.

On peut surmonter les aspects négatifs de son emploi si celui-ci est intéressant, si l’on apprend des choses, au moins pendant un certain temps. Cet ennui est notamment à l’origine d’un certain nombre de changements de postes ou d’entreprises que l’on peut observer. On trouve des tas de raisons différentes lorsqu’on (s’)écoute justifier un de ces changements, au fond s’y trouvent souvent un manque d’intérêt, d’utilité ou de sens. Le manque de reconnaissance vis-à-vis de notre investissement est également en cause, ceci est plutôt lié aux modèles de gouvernance utilisés par l’entreprise en question.

Cela étant dit, il n’est pas question de n’accepter aucun compromis ici, je conçois volontiers qu’un emploi aussi passionnant soit-il comportera très probablement des parties moins plaisantes (ne serait-ce que la partie administrative ou la gestion par exemple). Et encore, ces exemples sont déjà orientés puisque certains y trouveront leur compte voire le cœur d’un métier qui leur plaît.

En effet, aussi importants que soient les thèmes abordés dans cet article, une part de subjectivité demeure. Le sens lui-même dépend de la personne considérée. Sans parler de la fameuse vocation, pour chacun ce sont le caractère, les expériences, l’éducation et simplement les goûts et affinités qui définissent ce qui pourrait s’apparenter au Graal du travail.

Photo by Yasin Yusuf on Unsplash

 

Nouveaux métiers, nouvelles missions 

De nos jours, de nombreux métiers et postes existent, certains dont on ne soupçonne même pas l’existence avant de tomber dessus. Si l’on peut discuter de leur utilité, moult sont apparus avec l’avènement du numérique, des réseaux sociaux et des nouvelles manières de travailler qui y sont liées.

La remise en valeur de l’artisanat et des métiers manuels viennent enrichir ce vivier de possibilités. Dans cette diversité, chacun peut y trouver son compte et l’on se dit qu’il y a forcément quelque chose qui nous convient là-dedans, non ? Sans doute, mais comment trouver son bonheur ? C’est bien là qu’émerge l’intérêt des programmes de reconversion, bilans de compétences, coachings et autres accompagnements permettant de faire le point sur ce que l’on sait faire, dans quel cadre et but on aimerait le faire.

La personnalité est de plus en plus mise en avant au sein des initiatives et programmes plus modernes qui fleurissent un peu partout. Le bien-être d’un individu donné découle de questions aux réponses bien personnelles. Parmi les exemples que j’ai pu rencontrer : à quoi ai-je envie de consacrer ma vie ? Qu’ai-je envie de retrouver dans mes activités au quotidien ? Quand je serai vieux, qu’ai-je envie de pouvoir raconter de moi à ma famille ? Je pense que garder ces questions à l’esprit pourrait éviter quelques crises existentielles plus ou moins marquées à un âge plus avancé, qu’en pensez-vous ?

En parallèle, cette démarche personnelle prend place dans un monde en mouvement perpétuel où l’urgence climatique est de plus en plus pressante. En associant ce fait avec un climat social globalement anxiogène, la remise en question n’en est que plus exacerbée et délicate. L’accès facilité à l’information amplifie ce triste constat, par l’accroissement des inégalités et des tensions qui en résultent, en plus des éternelles querelles territoriales, idéologiques et j’en passe.

Photo by Luis Villasmil on Unsplash
Photo by Luis Villasmil on Unsplash

 

Dès lors, le choix de notre activité professionnelle paraît bien complexe avec tant de variables et de questionnements. Les enjeux personnels et collectifs se confondent vite et s’il y a toujours la possibilité de ne se préoccuper que de soi, je trouve la tâche bien ardue.

D’autres façons de travailler ?

Parallèlement, j’ai découvert de nouveaux modes de travail, par exemple le fait de travailler exclusivement à distance – même depuis un autre continent. Ou bien, cumuler des postes (ou « slasher ») qui peuvent être très différents comme « Développeur / Eco-conseiller / Guitariste ». Aujourd’hui, il est aussi possible de travailler dans divers espaces pour s’imprégner d’une ambiance, créer des synergies avec d’autres personnes aux compétences complémentaires ou simplement rencontrer des gens, découvrir des idées et des initiatives et s’inspirer de tout cela.

La relative facilité pour se mettre à son compte de nos jours m’a également fait de l’œil. Une fois les barrières administratives passées, les avantages semblent alléchants : possibilités de choisir sur quoi et avec qui on travaille, les méthodes et l’organisation : le choix de son cadre de travail et le respect de ses valeurs en somme. Mais il faut composer avec la précarité associée au statut, la sécurité du salariat disparue, il faut accepter et pouvoir surmonter les inconvénients de travailler à son compte.

Pourquoi est-ce que je parle de tout ça ?

Dans mon cas, l’ennui arrive très vite. Le cloisonnement des postes, la difficulté à proposer des idées et à sortir de la case qui m’est attribuée, m’empêchent d’avoir une vision globale et d’être plus impliqué. Je me sens donc bridé et rapidement mal, ma productivité n’est plus au rendez-vous et tout le monde est perdant.

Au fil de mes stages en cycle ingénieur informatique, je comprenais de moins en moins comment faisaient tant de personnes pour rester dans ce « monde du travail », à la recherche ou à s’accrocher au sacro-saint CDI qui m’angoissait tant. D’autant que je me sentais bien inutile face aux enjeux évoqués précédemment. J’ai donc commencé à scruter les alternatives.

D’ailleurs, en cherchant des emplois ayant du sens, je tombais en grande majorité sur des postes en région parisienne. Il y a évidemment des initiatives sur tout le territoire, mais bien moins que dans la capitale. Ayant passé une bonne partie de mes études et stages à Lyon, j’avais remarqué que même dans une ville réputée agréable à vivre, je me sentais mal dans cet environnement urbain encombré.

Au fil des discussions, mes proches me disaient parfois « tu cherches le poste parfait ! », ce à quoi j’ai fini par répondre qu’il n’était parfait que pour moi. Et encore, bien qu’étant exigeant après avoir quitté Lyon suite à une mauvaise expérience tant personnelle que professionnelle, j’accepte logiquement des compromis sur différents aspects.

" Au lieu d’un programme national pour l’éducation, ce qu’il faut réellement est un programme individuel pour chaque enfant."

La psychologie : lanterne dans les brumes du mal-être 

Le domaine qui m’a fait le plus réfléchir, c’est celui-ci, et je pense que cela pourrait éclairer beaucoup de gens sur leur comportement et celui des autres.  Les profils psychologiques sont de plus en plus étudiés et le grand public découvre l’existence de concepts comme les « multipotentiels » ou « scanners ». Ces derniers fourmillent d’idées et/ou passent d’un sujet à un autre très fréquemment. Ils sont donc souvent peu adaptés aux postes conventionnels et peuvent rapidement mal le vivre, et ne sont pourtant pas marginaux dans la population.

À l’opposé, il y a les « spécialistes » qui comme le nom l’indique s’investissent et approfondissent un domaine précis pour en devenir expert. C’est un concept bien plus ancré socialement que le précédent, il est en adéquation avec les normes et les attentes du monde professionnel. De ce fait, il fait moins l’objet de discussions ou de recherches contrairement au précédent.

Bien entendu, tout le monde ne sera pas concerné par ces considérations pour trouver ou donner du sens à son activité professionnelle. Cependant, ces sujets sont pour certains assez récents, tout du moins pour le grand public. Ainsi, le burn-out est déjà connu mais assez difficilement reconnu comme maladie professionnelle, au cas par cas.

Alors que le bore-out ou le brown-out, syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui pour le premier, et par manque de sens pour le second ont fait leur apparition assez récemment et nécessitent d’être étudiés plus amplement.
Photo by Morgan Housel on Unsplash
Loin d’être des marottes, l’étude de ces profils et syndromes met en lumière des phénomènes liés au monde du travail dont la compréhension aide de nombreux individus. Il m’est arrivé plusieurs fois avoir souhaité être tombé plus tôt sur certaines notions ou ressources, peut-être que ce sentiment vous est familier.
 

Je ne suis pas le mieux placé pour parler de ces sujets, s’ils vous intriguent allez écumer internet, les ressources ne manquent pas ! Attention néanmoins à l’effet Barnum qui consiste à se reconnaître un peu trop facilement dans des descriptions, typiquement celles que vous pourriez lire en faisant des recherches sur les profils psychologiques, les Hauts Potentiels ou même les pathologies liées au travail. N’hésitez pas à solliciter l’avis d’une personne compétente sur ces questions.

Le bien-être et l’éveil de la conscience 

La quête de sens tant évoquée dépend donc d’une quête de bien-être personnel et ce dernier est plus ou moins lié aux thématiques évoquées précédemment. Qu’il s’agisse des enjeux socio-environnementaux ou de la personnalité et du profil psychologique, c’est finalement par un éveil de la conscience que passe la découverte de ce qui aura du sens pour chacun.

Personnellement, je suis très affecté par les défis écologiques et humains et lorsqu’on me rétorque qu’il suffit de s’en détourner, de ne pas s’informer, je culpabilise. Enfin, pas très longtemps puisqu’il m’est bien difficile d’étouffer toutes ces interrogations et ce besoin viscéral d’agir à mon niveau. Toujours est-il que je trouve la plupart des postes proposés et compatibles avec mes qualifications bien dérisoires face aux défis immenses se présentant à nous.

La volonté d’avoir un impact à plus grande échelle est prépondérante chez moi, car même si j’apprécie la légende du colibri qui fait sa part, j’ai plutôt une approche systémique des choses. De fait, mes modestes écogestes quotidiens sont plutôt une incarnation de mes valeurs mais les pans individuels et collectifs/systémiques sont loin d’être dissociés.

De manière analogue, le besoin criant de sens des salariés se fait de plus en plus ressentir et une part croissante de personnes prend les choses en mains pour remédier à cela. Parfois, il n’est pas nécessaire de quitter son entreprise : un changement de poste, l’intrapreneuriat ou des ajustements avec une hiérarchie à l’écoute permettent de soulager les esprits. Ainsi les entreprises vont devoir s’adapter, sans quoi elles en pâtiront et n’y survivront peut-être pas à terme. Ce sont ces prises de conscience et crises individuelles qui favorisent dès aujourd’hui ce changement global.

Point de conclusion plutôt des points de suspension

Vous l’aurez sans doute compris, le travail et le sens dont je vous parle depuis un moment s’inscrivent dans ce monde, ils suivent ces évolutions, pour le meilleur comme pour le pire. Chaque personne, quelle que soit son activité peut trouver sa définition du sens et les dénominateurs communs facilitent cette quête qu’il convient néanmoins de s’approprier. On peut aussi évoquer l’appartenance à une communauté, y compris en exerçant une activité professionnelle en entreprise, qui est un levier potentiellement puissant pour le retour du sens.

Ces sujets méritent chacun des articles dédiés et en attendant que nous nous y attaquions, les sources d’informations de qualité ne manquent pas. Ils me permettent cependant d’esquisser la toile de fond où tracer le fil de ma réflexion. Celle-ci est personnelle et évolue au gré de mon parcours – je ne parle pas juste des lignes du CV – au sens large. 

C’est pour toutes ces raisons que lorsque j’ai échangé avec Fanny fin juillet et réalisé que l’on avait une vision et un ressenti très similaires, je n’ai pas hésité. J’ai donc rejoint Entreprendre Transition pour agir, en phase avec mes valeurs, en ayant un impact positif concret. Pour les libertés qu’offre cette association où tout est à faire et que Fanny avait entrepris avec une détermination qui force le respect.

Ainsi je peux proposer, expérimenter, rechercher et échanger, que ce soit avec des personnes curieuses voulant se lancer, des acteurs du changement engagés ou des organismes accompagnant des individus ou des projets. Les thématiques sont variées et me permettent de nourrir ma curiosité. C’est cette approche humaine et à plus grande échelle où je peux apporter ma modeste contribution qui m’a attiré comme peu de projets l’ont fait par le passé.

J’ai hâte de voir ce qui va émerger de cette expérience dans laquelle je mets tant d’énergie, en attendant la suite..!

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